Comores et Mayotte : Je t’aime moi non plus…

Le 15 avril 2019
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Les tensions existant entre les Mahorais et les Comoriens sont assez palpables à Mayotte, et il est récurrent d’en entendre parler au gré des discussions entre amis, entre connaissances, ou encore entre voisins… Pourtant, les Comores et Mayotte étaient bons amis auparavant. Les îles de cet archipel, surnommées « îles de la Lune » par les Arabes, partageaient autrefois bien plus qu’un petit bout d’océan Indien. Leur culture et leurs traditions communes faisaient d’elles de véritables  » îles-sœurs ». Mais fut un temps, plus précisément en 1975, où les Comores choisirent l’indépendance… La discorde se fit sentir à partir de ce moment là, car Mayotte quant à elle, n’a pas souhaité se détacher de la France.

À partir de cette date, les Comoriens ont donc commencé à devenir critiques envers les Mahorais… Pourtant, ils continuaient malgré tout de venir à Mayotte. Et selon les dires des Mahorais, le nombre de kwassa-kwassas débarquant sur le 101ème département français était même de plus en plus important. Ces derniers ont donc voulu dire stop. Pour cela, ils ont décidé de fermer la préfecture.
D’un côté nous pouvons leur donner un peu raison. Mais à cause de cette manifestation et de ce refus d’ouverture de la préfecture, beaucoup de problèmes sont survenus. Beaucoup de ressortissants comoriens n’ont pas pu renouveler leurs cartes de séjour par exemple. Nous trouvons vraiment que ce conflit est dommageable car l’union fait la force !

Nous avons donc choisi de parler de ce sujet qui nous touche, ici, entre les pages de Chab’ car il nous semble essentiel de rappeler que nous sommes avant tout, tous frères, Comoriens ou Mahorais peu importe. Nous venons tous du même endroit, et vivons au cœur du même archipel. Nous devrions nous aimer et faire la paix entre nous.

Nous nous sommes donc déplacés et sommes allés à la rencontre des gens. Un voisin, Ba Moinaécha, un vieux Mahorais, a discuté avec nous, et nous a donné son avis, tout comme Soilahou, un ami Comorien âgé de 20 ans.

Assia : Pourquoi y-a-t-il ce conflit entre Mayotte et les Comores ?

Ba Moinaécha (Mahorais) : Les Comoriens venaient ici, ils étaient bien avec nous. Puis est venu ce temps où les Comores ont voulu l’indépendance alors que les Mahorais n’en ont pas voulu. Les premières tensions sont apparues à ce moment là. Les Comoriens en ont voulu aux Mahorais. Le conflit est né comme ça.

Soilahou (Comorien) : D’après moi Mayotte et les Comores sont également en conflit pour la même raison. Mayotte a choisi d’être un département français alors que les Comores ont désiré être indépendantes.

Assia : À votre avis pourquoi les Mahorais ont décidé de fermer la préfecture ?

Ba Moinaécha : Les Mahorais ont fermé la préfecture car les Comoriens étaient beaucoup ici et ils voulaient tous une carte de séjour pour rester à Mayotte. A un moment donné les Mahorais ont aussi été choqués car beaucoup de kwassa-kwassas venaient débarquer ici. Pour que ça s’arrête il y eut donc des manifestations.

Soilahou : Les Mahorais ne voulaient pas que les étudiants Comoriens quittent Mayotte pour la France. Le fait également que le ministre comorien des Affaires Etrangères M. Mohamed El Amine Souef ait interdit le retour sur le territoire des ressortissants comoriens a provoqué la colère de Mayotte qui s’est donc mobilisé pour interdire de son côté la distribution de visas et de cartes de séjour.

Assia : À votre avis Mayotte fait-elle partie de l’archipel des Comores ?

Ba Moinaécha : Oui Mayotte fait bien parti de cet archipel.

Soilahou : Bien sur que oui. Géographiquement c’est incontestable.

Assia : Pourquoi Mayotte a choisi de devenir un département français ?

Ba Moinaécha : Mayotte a décidé de rester française et même d’en devenir le plus jeune des départements car les Comoriens leurs faisait beaucoup de torts. C’est donc pour ça que nous avons choisi de devenir un département, c’est aussi pour nous une manière d’être libre et de nous libérer de l’emprise comorienne.

Soilahou : Selon les rumeurs, il parait qu’avec la France, les Mahorais auraient une vie meilleure, plus belle. Ils seront heureux, libres, « égaux et fraternels ».

CHAB’ : Pourquoi les Comores ont choisi l’indépendance ?

Soilahou : Les Comores ont choisi l’indépendance car ils n’aimaient pas le fait d’être une colonie. Nous ne voulions dépendre que de nous même, prendre nous même les décisions pour notre propre archipel !

 

Récap’ sur la situation géopo ?

Le conflit qui oppose Mayotte aux Comores est vieux de plus de quarante ans et Bate originellement de l’indépenBance de l’archipel le 6 juillet 1975. À l’époque ce sont bien les 4 îles de l’archipel, c’est-à-dire Anjouan, Grande Comores,  Mohéli et Mayotte qui obtiennent l’indépenBance. Mayotte fais toutefois le choix de rester Bans le giron français…
Mais moins d’un mois après cette indépenBance, les Comores doivent faire face à leur premier coup d’Etat. Une vingtaine d’autres suivront ensuite au fil des années.
Bans un contexte aussi instable que celui-ci, la situation de Mayotte passe presque inaperçue… Pour la France, la question de rendre la quatrième île de l’archipel ne se pose donc pas. Car la rendre, oui, mais la rendre à qui ? À quel régime ?
Au fur et à mesure, les relations entre les trois îles indépendantes et leur petite sœur française, se distendent encore, et notamment à partir de 1995, année durant laquelle le visa « Balladur » voit le jour, entérinant concrètement la frontière administrative entre Mayotte et le reste de l’archipel.
Désormais les habitants de Mohéli, Grande Comore et Anjouan doivent se munir d’un visa pour se rendre et séjourner à Mayotte. On ne circule alors plus aussi librement qu’avant au sein de l’archipel…
En plus de créer un déséquilibre politique, une véritable fracture au sein de la population, et à l’intérieur même des familles s’installe.
Pour contourner ce visa, il faut alors trouver des alternatives. Les voyages en kwassa-kwassa, cette barque traditionnelle initialement utilisée pour la pêche, en sont une. Et ils ont ainsi contribué à augmenter les flux migratoires illégaux des Comores vers Mayotte.

 


Assia, 16 ans, Conseil municipal des jeunes de Tsingoni

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