Les jeunes s’engagent

Le 20 juin 2022
chab-les-jeunes-sengagent6

Mayotte, une île qui se bouge. Riches de part leur culture, les habitants de l’île aux parfums ont nombre de choses à prouver à la métropole. Leur île n’est pas parfaite : délinquance, pollution, pauvreté, immigration incontrôlée, manque de structures… Les jeunes mahorais le savent, Mayotte est en pleine évolution. Rester les bras croisés à attendre n’est pas une option pour eux et certains s’engagent pleinement pour faire bouger les choses. C’est le cas de quatre associations et clubs du lycée des Lumières : Matrice, Tricking Mayotte, L’espoir c’est nous et On Sex’Prime. Chab’ leur donne la parole.

chab-les-jeunes-sengagentAu sein du Lycée des Lumières, un groupe de jeunes a créé le club Matrice. Une référence au film Matrix et qui s’est structuré en novembre 2021. Ichame Mzé, un des créateurs du club, s’engage à proposer deux visions du monde symbolisées par une pilule rouge et une pilule bleue. L’objectif ? Être en mesure de trouver une meilleure version de soi-même.

On recherche l’évolution, une vision utopique de la vie, de la société et du politiquement correct”, explique Ichame, “La théorie, c’est la pilule rouge. Il y a une autre vision beaucoup plus réaliste de ce qui nous entoure, elle est parfois crue mais nécessaire au changement, c’est la pilule bleue.
Ichame et son groupe ont comme but de permettre aux nouvelles générations de se stabiliser, c’est-à-dire de ne pas tomber dans de mauvaises voies. À terme, ils souhaitent agrandir le club pour en faire une association.

Par ailleurs, ils souhaitent inspirer les jeunes à devenir actifs et commencer à réaliser leurs ambitions.
Une démarche qui leur tient à cœur et leur permet de tisser des liens solides avec et entre les membres. Trouver des personnes qui vont vraiment discuter, échanger et collaborer, telle est la raison d’être du club Matrice.

Espérant que leurs efforts servent à quelque chose, ils attendent une prise de conscience générale.

Mais pourquoi un tel engagement à leur âge ? Les membres de Matrice s’engagent si jeunes car cela leur permet d’expérimenter, d’une certaine façon, le travail professionnel. Ils donnent le maximum d’eux-mêmes aujourd’hui pour profiter d’une forme d’indépendance qu’ils obtiendront définitivement un peu plus tard.
On devrait tous se connecter à notre nature et chercher à la comprendre, sans pour autant rester figés dessus”, assure Ichame, “Cela a pour but de réguler la société sur une base d’équité. C’est dans l’intérêt de tous et pour la bonne cause. J’avais besoin d’aide, cependant j’ai su tenir le coup tout le long. J’avais un rôle à jouer, celui de transmettre.


chab-les-jeunes-sengagent2

Le club Tricking Mayotte, créé en 2013 par Andre Salim surnommé Bolow et Madi Andjilani appelé Bastos, regroupe de jeunes adolescents de Kawéni et Majicavo qui pratiquent le tricking. Ce sport mêle l’art du parkour, du tumbling, des arts martiaux, avec des acrobaties inspirées du taekwondo, de la gymnastique ou du capoeira.

Avec cette discipline, vous avez la liberté de créer votre propre style et de vous spécialiser dans un ou plusieurs domaines.

Passionné par le tricking depuis son enfance, Yasser Dalilou, un des organisateurs du club, explique que beaucoup de jeunes pratiquent cette discipline inconsciemment dans la plupart des villages de Mayotte mais qu’elle reste connue principalement à Kawéni, là où se déroulent la plupart des entraînements.

Ce groupe reconnu jusqu’en métropole souhaite développer l’art du tricking à Mayotte car ils savent que beaucoup de leurs membres sont talentueux et qu’ils peuvent s’en servir pour se construire un avenir au niveau national, voire international. Leur évolution est néanmoins ralentie en raison du manque de moyens matériels et financiers. Les membres de Tricking Mayotte veulent créer une salle de gym incluant un trampoline park : “Dans ce projet, nous attendons que beaucoup de gens nous soutiennent et nous aident, on espère franchement faire évoluer notre belle île”, explique Yasser.

Livrés à eux même depuis leur plus jeune âge, ces jeunes se sont engagés naturellement pour que les futures générations n’aient pas à connaître les mêmes difficultés. Ils ne comprennent pas pourquoi cette discipline en plein développement n’est pas prise en compte à Mayotte alors qu’ en métropole ou en Guadeloupe par exemple, elle reçoit des moyens importants.

Le message de Tricking Mayotte, résumé par Yasser, est clair : “Nous sommes l’avenir de Mayotte. Si nous n’agissons pas, c’est nous qui souffrirons et les générations qui suivent aussi. Ils vivront les mêmes choses et ne feront rien pour les changer, c’est un cercle vicieux, c’est à nous de le briser et de prendre les choses en main pour offrir à notre île un meilleur avenir.”


Scandalisée par les violences que subissent les femmes en général et surtout à Mayotte, Maëva Gallus, élève de 1ère du Lycée des Lumières, décide de créer le club féministe “On Sex’Prime”, en novembre 2020 dans son lycée avec 12 camarades, filles comme garçons.

Tous et toutes mobilisés contre l’inégalité, ils ont animé pendant une année deux ateliers par semaine, auprès de lycéens inscrits au club. Les membres ont traité divers sujets tels que les violences sexuelles, les charges mentales subies par les hommes et les femmes, les maladies menstruelles, les stéréotypes de genre, le consentement…

Cette année, l’équipe On Sex’Prime, a décidé de mener trois ateliers différents par semaine : théâtre, musique et arts. Pour cela, ils ont choisi trois thèmes principaux : stéréotypes, inversions LES JEUNES S’ENGAGENT 4 des rôles et agressions. “Il s’agit de sensibiliser, d’informer au maximum les adhérents de notre club tout en s’amusant”, raconte Maëva, avant de poursuivre “Car l’année dernière les gens étaient intéressés par nos ateliers mais c’était trop “formel” alors que nous sommes entre nous, lycéens du même âge. Nous avons modifié nos ateliers pour qu’ils soient plus divertissants et pour installer une confiance entre chacuns. Nous avons tous des choses à apprendre des uns et des autres. Cette année, on crée une pièce de théâtre, une musique et d’autres projets artistiques. Nous allons présenter le fruit de notre travail à la fin de l‘année dans un spectacle.”

Le club a tenté de lancer des projets avec des associations connues telles que Man Ocean ou Souboutou Ouhédzé Jilaho. Même si ces ébauches n’ont pas abouti, les jeunes ambassadeurs ne baissent pas les bras. “L’objectif d’On Sex’Prime, c’est certes de dénoncer les injustices, pour que cela change, explique Maëva, mais aussi de permettre à notre jeunesse de s’exprimer plus librement et en confiance dans un endroit encadré et sécurisé par le principal de l’établissement, les infirmières et l’assistant social”.

Des professeurs de leur établissement les ont sollicités pour intervenir dans des classes ou pour tenir un stand lors d’une journée culturelle et sportive. Les organisateurs du club sont heureux que leurs actions soient reconnues et appréciées des élèves et professeurs.

Après les examens du bac, les fondateurs de On Sex’Prime vont quitter leur établissement. Ils espèrent que ce club créé “par les lycéens et pour les lycéens“ continue ses missions au Lycée des Lumières mais aussi dans d’autres établissements car selon Maëva, “Nous sommes l’avenir mais aussi le présent”.


”L’espoir c’est nous”, une junior association créée en septembre 2020 et qui a pour objectif d’influencer les jeunes à agir. Ses membres veulent contribuer au bien-être de la jeunesse en mettant en avant l’entraide, l’information et la culture. “Agir nous tient à coeur”, explique Imourana Aina Lyna la fondatrice de la junior association, “Le plus important, c‘est bien l’entraide que nous retrouvons dans ce milieu, les adhérents peuvent témoigner, il y a une très bonne ambiance au sein du groupe”.

Les membres travaillent dans trois domaines : l’environnement, la culture et le scolaire. “Nous espérons montrer l’exemple”, ajoute Aïna, avant de poursuivre “Montrer à nos pairs que nous pouvons faire des projets et les concrétiser. Là nous sommes dans le milieu associatif mais même dans l’entrepreneuriat, c’est possible.”

Besoin de conseils ? Les membres de ”L’espoir c’est nous” sont ouverts et peuvent vous orienter vers des personnes ressources.

Si en tant que jeune l’engagement est difficile avec du courage, du temps et de l’énergie, tout devient simple… “ Nous leur conseillons de bien réfléchir mais de ne pas trop hésiter non plus”, conclut Aina.

Contact : L’espoir c’est nous – 2 rue baouma, Longoni


Maeva Gallus et Adinane Adradjy Élèves de Terminale du Lycée des Lumières

Quelle est votre réaction ?
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0

Partagez cet article !

0 commentaires

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans la même catégorie

✌️ Lire le dernier numéro