La Fédération départemental de la Ligue de l’enseignement de Mayotte, porte le projet Chemin conté avec le soutien de ses partenaires institutionnels et communaux (Mamoudzou, Dembeni et Bandraboua). Depuis maintenant 3 ans, en collaboration avec les associations de quartier, elle s’attache à faire rencontrer des cocos, bacocos et jeunes avec pour objectif de faciliter l’accès aux pratiques culturelles et de loisirs via l’éducation. Un travail de mémoire et d’ouverture d’esprit réécrit par nos jeunes.
Mariage traditionnel
Avant, quand un homme voulait se marier, il allait d’abord en parler à ses parents qui allaient se présenter chez les parents de la fille pour demander sa main au nom de leur fils. Une fois que les deux familles se sont mises d’accord sur la date du mariage, le futur marié allait poser des congés de deux ou trois semaines à son travail avant le mariage.
La famille de la future mariée commençait à faire les gâteaux une semaine avant le jour du mariage. On faisait des MKARARA, BANKORA et BISCUITS. Il y a un jour où on préparait du riz, féliki mhogo (feuilles de manioc), viande de bœuf, du oubou (bouilli) et faisait du msindzano (masque de beauté) mélangé avec du parfum puis du gwéna (maquillage noir pour les yeux) pour les emmener chez la maman du marié. C’est ce qu’on appelait le HICHIMA.
Les mariés n’avaient pas le droit de sortir pendant sept jours après jour du mariage. Des filles qui étaient membres de la famille de la mariée, venaient faire le ménage pendant ces sept jours. Pour rendre visite aux mariés, les filles passaient par le portail de la cour et les garçons passaient par la porte qui menait directement dehors. Les garçons ne devaient pas voir la mariée. Elle était traitée de santsa (prostituée) quand elle était vue par les garçons.
On faisait du msindzano pour la mariée qui se le mettait elle-même ou c’était une dame âgée qui venait lui mettre à sa place. On massait la mariée avec de l’huile de coco pendant sept jours.
Chaque jour, le marié invitait quatre de ses amis pour venir manger chez lui et là aussi, une dame âgée faisait le service. Une fois le repas terminé, on leur appliquait du gwéna (khôl) et les invitait à mettre de l’argent dans une assiette. Cet argent sera donné à la dame en échange de ses services.
La mariée pouvait aussi inviter ses amies pour venir manger mais elles ne donnaient pas de l’argent car à l’époque, il y avait que les hommes qui travaillaient. Elles venaient juste manger, ranger les assiettes, s’amuser et mettre du maquillage. Par contre, elles n’avaient pas le droit de mettre le héné parce que avant, une fille qui n’était mariée n’avait pas le droit de mettre du héné.
Le jour du MCHOGORO (danse traditionnelle), le mari allait chez ses parents ensuite, on l’emmenait chez sa femme, accompagné avec des femmes avec leurs mbiwi (bouts de bambou pour faire un rythme de musique) et les hommes avec leurs tamtams. En arrivant près de la maison, on couvrait le mari avec du shiromani ou un voile. On l’emmenait jusqu’à la chambre de sa femme ensuite, il allait rejoindre ses amis au salon pour manger. Il y avait un repas spécial dans une chambre au cas où le marié n’est pas rassasié. Trois jours après la fameuse danse traditionnelle (mchogoro), la vieille dame qui venait masser le marié et ses témoins, revenait pour récupérer le shale que portait le marié. On lui donnait aussi un salouva et de l’argent.
Le HICHIMA, on le faisait de trois à sept jours après le mariage. Cela dépendait des moyens de la famille de la mariée. Par contre, la famille du garçon ne faisait rien. La maman de la mariée recevait de l’aide de la part de ses voisins, ami(e)s et des membres de sa famille pour les préparations des repas et des gâteaux.
Mkokotro
Tout d’abord, avant, les Mahorais ne s’habillaient pas comme maintenant. Ils portaient un habit qui s’appelle le mkokotro. Il s’agit d’un vêtement blanc qu’on mettait sous forme de short ou slip pour les hommes.
Les femmes cachaient juste les seins et en bas, c’était sous forme de mini-jupe. On se promenait avec ces vêtements sans problème ni préjugé.
Quand une personne n’avait pas d’argent, elle pouvait aller empreinter à son voisin pour aller acheter le mkokotro.
Les gens étaient fiers de porter ce vêtement, même les mariés le jour du mariage, portaient aussi le mkokotro, accompagné des sandales de mavindro. Les sandales de mavindro c’est des chaussures fabriquées à base des épluchures de coco.
Pour eux, ce n’était pas une honte car auparavant, il n’y avait pas de préjugés. Les gens s’entraidaient beaucoup sans rien attendre en retour car ils en avaient l’habitude.
Et bien avant la venue du tissu, le mkokotro était fabriqué soit à base des feuilles de bananiers soit par un habit que l’on ne sait pas d’où ça sortait. Chacun ne possédait qu’un habit. Quand il était sale, on le lavait et restait à attendre qu’il sèche pour le remettre. On le séchait soit au soleil soit sur le feu.
Histoire recueillie par Toiline Soula
Narratrice : Rahamatou Djanfari
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