Cette année, sur France O vous pouviez suivre les aventures d’une jeune bande mahoraise : entre histoires d’amour et histoires plus tragiques, on vous embarque dans les coulisses du tournage et de la réalisation de cette série 100% made in Mayotte, à travers l’expérience de Charifa, alias Raissa dans la série.
Jouer la comédie est quelque chose qui m’a toujours plu. Bien avant Chababi Project j’ai commencé par faire du théâtre. La première pièce que j’ai joué au collège, je m’en souviens comme si c’était hier : c’était Roméo & Juliette. J’interprétais M.Montaigu, le père de Roméo et et ça m’avait beaucoup plu.
J’ai poursuivi le théâtre jusqu’au lycée, et arrivée en première année à la fac, une amie m’a parlé d’un casting pendant une pause entre deux cours. Elle m’explique que c’est pour une série télévisée 100% mahoraise qui parle de jeunes dans une école artistique de comédiens et de danseurs. Au début je n’étais pas hyper intéressée…
Ensuite j’ai appris que cette série serait diffusée sur France O, j’ai donc commencé à me dire pourquoi pas ? C’est une chaine intéressante avec une portée nationale. Grâce à elle, la série pourra être vue partout.
Je me rappelle aussi que ce qui m’a le plus motivée c’est les whoppers (bêtisiers, ndlr). Quand je regardais les films je regardais surtout les whoppers à la fin, et je trouvais ça intéressant et assez amusant de voir les comédiens qui rigolaient. J’ai donc passé le casting pour ça: je voulais m’amuser. Un mois plus tard, j’ai reçu un appel : j’avais été retenue !
J’étais super contente ! Ma mère était à côté de moi au moment où j’ai reçu l’appel. Elle n’a pas compris pourquoi tout à coup j’ai sauté de joie !
Une fois tous les castings passés, on s’est enfin tous rencontré avec les autres comédiens, on nous a distribué nos rôles, et on a commencé à répéter.
On est parti un mois à Kani-Keli dans une grande maison, Villa Ravoy. On vivait tous ensemble pendant ce mois là, c’était très intense. On a eu une semaine de répétition. J’ai commencé à vraiment me mettre dans la peau de mon personnage, à faire connaissance avec lui en quelques sortes, à travailler les émotions, ses réactions… On a travaillé très dur. C’était de grosses journées.
Mon personnage :
Raissa, est une fille que je trouve très courageuse, elle a un fort caractère, et toutes les aventures qu’elle vivra tout au long de la série vont encore plus forger sa forte personnalité. C’est une jeune fille très amoureuse aussi. Amoureuse d’Abdel son petit-ami.
Mais ce qui la préoccupe le plus c’est sa situation familiale. Sa mère est battue par son père. A cause de tout cela, elle a beaucoup de mal à se concentrer en cours. Cette situation l’a met elle aussi en position de victime. Ça entraine des réactions en cascade : elle a un peu de mal avec son copain en plus. Elle a peur qu’il devienne comme son père. Elle a besoin de sécurité.
Le tournage
Je garde un très bon souvenir du tournage, c’était vraiment super. On a appris et découvert beaucoup de choses : différents métiers, différentes techniques… Quand on regarde la télé, un film ou une série, on s’imagine des choses, on se dit « oh tiens ça doit se passer de tel ou telle façon.. » alors que non pas forcément.
Un truc tout bête par exemple : j’ai appris qu’on ne tourne pas tous les plans dans l’ordre chronologique de l’histoire. On peut également recommencer la même séquence 10, 15, 20 fois… ça peut être fatiguant !
J’ai aussi découvert l’habillage sonore, le « son seul » : quand on joue mais qu’on ne filme pas, on enregistre juste le son.
L’assiduité dans le travail également, le fait de travailler de façon intense en restant bien concentrée du début à la fin, c’est quelque chose d’essentiel que je pense vraiment avoir travaillé pendant tout le tournage.
Anecdotes de tournage :
Il y avait une scène à tourner dans la mangrove un soir qui m’avait un peu effrayée.
L’équipe technique se mettait en place, se préparait pour tourner, et moi j’étais au fond assez loin d’eux, un peu isolée. Et là j’entends comme des voix… Des enfants qui parlaient… Mais ce n’était pas du français, ni shimaoré, ou du shibushi… Je me suis alors dit « ce sont peut être des moinaissas qui veulent me kidnapper » J’ai eu très peur ! Tout ce que j’attendais c’était qu’on me donne le feu vert pour démarrer, pour tourner, et j’ai donc commencé avant même qu’on me dise ACTION. J’ai traversé la mangrove pour m’éloigner des voix.
Les violences conjugales
Ce projet est important parce qu’il libère la parole sur les violences conjugales, les violences sexuelles aussi.. C’est important d’en parler, de pouvoir oser dire « je suis une femme battue », si c’est la cas, car ce n’est pas une honte. Tous les jours des femmes meurt sous les coups d’un mari, d’un compagnon… Il faut en parler pour pouvoir se sauver.
Il faut regarder la série Chababi ! Elle peut vous faire découvrir Mayotte. Si vous ne connaissez pas Mayotte, sachez que notre île est belle, elle est jolie !
Charifa BASTOINE, 22ans – 3ème année de lettres modernes à Dembeni.
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